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Les écrivains et éditeurs français n'ont pas toujours été flatteurs à l'égard de leurs confrères suisses ; et l'on pourrait douter que ce siècle fût bien celui des affinités littéraires entre les deux pays, tant les correspondances et journaux publiés offrent un florilège de jugements acerbes. Mais les manifestations d'incompréhension le cèdent souvent à la reconnaissance de parentés. La liste est longue de ces amitiés transfrontalières par lesquelles se révèle une communauté d'esprits ; le Jean Paulhan du Guide d'un petit voyage en Suisse est aussi l'ami le plus fidèle de Léon Bopp, Charles-Albert Cingria, Édith Boissonnas et Monique Saint-Hélier. De façon plus ou moins soutenue suivant les périodes, éditeurs, directeurs de revue et auteurs maintiennent ces rapports : la famille Gallimard, assurément, mais aussi André Gide, Jacques Rivière, Jean Paulhan, Dominique Aury, Georges Lambrichs, Jacques Réda ; et, du côté suisse, C.F. Ramuz, Guy de Pourtalès, Jean Starobinski, Philippe Jaccottet...Notons que ces relations dépassent le cadre d'une amicale francophonie. Par essence, l'apport helvétique est «extranational», parce que polyglotte. Traducteurs et critiques, les écrivains romands sont eux-mêmes les relais des littératures germanique et italienne en France. On touche ici à une des spécificités majeures du contexte suisse, déterminante pour l'histoire des cultures européennes.