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Vichy représente une exception ordinaire. D'abord, parce que l'État français marque l'apogée de la tradition, héritée de la Révolution, de justice étatisée et fonctionnarisée ; ensuite, parce que, dans sa dérive vers une justice d'exception, il s'appuie sur la pratique de la Troisième République, notamment pendant la Première Guerre mondiale - avec les tribunaux militaires jugeant pour l'exemple -, puis au cours des années 30, face aux menaces de guerre. Vichy, au fil des ans, sera contraint de faire siéger des «juges» non professionnels, et de recourir à une justice militante. Pour cause : les juges, corps qui préexiste à Vichy, et dont toute la culture se fonde traditionnellement sur l'application des lois en référence aux prédécesseurs et aux précédents - la jurisprudence -, ramènent l'extraordinaire politique à l'ordinaire pénal et bureaucratique, atténuent les dérogations de la législation, limitent l'exception d'une situation.L'historien doit donc de comprendre un corps dans sa continuité, dans l'intimité de ses habitudes professionnelles, de sa culture sociale, de ses rites élitaires, des origines de son recrutement. Autant d'éléments qui définissent une vision de l'ordre du monde, une grille perceptive des changements et expliquent nombre de paradoxes de la magistrature, d'hier à aujourd'hui. Juriste, sociologue et chercheur au CNRS, Alain Bancaud retrace ici l'histoire de la magistrature française, de 1930 à 1950.