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Allah prit une poignée de vent, raconte la légende, et en créa un cheval auquel il dit : «J'ai attaché aux crins de ton front le succès, je t'établis roi des quadrupèdes domestiques.» L'Orient est en effet le berceau de quelques-uns des meilleurs chevaux : l'akhal-téké en Asie centrale, le barbe en Afrique du Nord et, bien sûr, l'archétype de l'espèce, le pur-sang arabe. De Marrakech à Samarcande, le cheval, symbole de noblesse, de droiture et de bravoure, devint l'infatigable auxiliaire des conquérants, l'idéal compagnon d'armes, de chasse et des jeux princiers. Paré de toutes les vertus, objet parfois de superstitions, il a inspiré une abondante littérature arabe - poésie ou manuels d'hippiatrie dits traités de furûsiyya -, et de riches miniatures, principalement persanes ou mogholes. Au XVIIIᵉ siècle, l'Occident est à son tour conquis : tout en contribuant à la création ou à l'amélioration d'autres races, les chevaux d'Orient font leur entrée dans les plus grandes cours d'Europe, avant d'inspirer les peintres orientalistes par l'élégance de leurs formes. Aujourd'hui comme hier, c'est dans le respect des traditions ancestrales que les Orientaux continuent à célébrer ces nobles coursiers, «buveurs de vent». Ouvrage publié à l'occasion de l'exposition Chevaux et cavaliers arabes, à l'Institut du monde arabe de Paris (novembre 2002 - mars 2003).