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«En 1955, j'avais sept ans. Comme chaque année, à Noël, j'allais avec mes parents au cinéma Gaumont dans le IXᵉ arrondissement. Fauteuils rouges. Ouvreuses se promenant dans les allées, comme des soubrettes en tablier blanc à dentelles, et portant sur leur ventre des paniers en osier remplis de friandises. Ce soir-là, aux Actualités, on nous montra l'élection de Miss Monde. Applaudissements, remarques salaces, cris d'approbation. Mais pour moi, il n'y avait aucun doute : la grande femme brune en bikini de soie noir, qui se déhanchait sur une plage devant des palmiers oscillant au vent, c'était ma mère. "Maman, c'est maman ! Maman, c'est jolie maman !" lançai-je, tandis que les spectateurs hilares couvraient ma voix. [...] Tout au long de mes livres, je suis souvent allé voir du côté de mon père, de l'aristocratie italienne et du Piémont. Il fallait bien que je finisse par me pencher du côté de ma famille maternelle, de la classe ouvrière, de la ferveur napolitaine, du cinéma en noir et blanc, de ces bonheurs de l'enfance très vite effacés par d'inoubliables chagrins, du côté de celle que j'avais, un soir de décembre 1955, décidé d'appeler à jamais : Miss Monde.» Gérard de Cortanze. «En 1955, j'avais sept ans. Comme chaque année, à Noël, j'allais avec mes parents au cinéma Gaumont dans le IXᵉ arrondissement. Ce soir-là, aux Actualités, on nous montra l'élection de Miss Monde. Pour moi, il n'y avait aucun doute : la grande femme brune en bikini de soie noir, qui se déhanchait sur une plage, c'était ma mère.»