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On savait Char et Camus frères en amitié. Les quelque deux cents lettres inédites ici rassemblées l'attestent, qui retracent ce que furent les engagements et les travaux communs des deux hommes après-guerre et leur proximité attentive et réciproque. Mais ce qui donne tout son sens à cette correspondance est ce qui l'a peut-être initiée : la rencontre et la reconnaissance de deux œuvres en même temps que leur convergence dans une époque de démesure et de déraison. Tout comme «l'envie d'écrire des poèmes ne s'accomplit que dans la mesure précise où ils sont pensés et sentis à travers de très rares compagnons» (Char à Camus), le moment de doute dans l'accomplissement d'une œuvre ne peut que s'appuyer sur «l'ami, quand il sait et comprend, et qu'il marche lui-même, du même pas» (Camus à Char)... Une façon lumineuse, entre Ventoux et Luberon, de rejoindre l'intuition de Julien Gracq qui, avec l'éloignement du temps, voyait se «rapprocher aussi, dans la signification de leurs œuvres, deux amis dont les silhouettes pouvaient sembler si différentes». Correspondance croisée établie, présentée et annotée par Franck Planeille, enrichie d'annexes et de documents inédits.