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«Je suis du temps, non de l'espace (je n'aime guère bouger). Fouler la terre polonaise me ferait renouer avec le temps d'avant mon temps, mon temps préhistorique, ma géologie intime, mon archéologie honteuse, de vieilles couches sédimentaires. Renouer avec d'anciens fils. Retrouver le fil. M'y retrouver. Mais cela même, je le crains, était une illusion. Il s'agissait d'une homonymie, d'un quiproquo. Car il y a "Pologne" et "Pologne". S'agirait-il d'un "retour au pays" ? Non, c'était autre chose. Quelque chose qui n'avait pas de nom. Car on ne saurait, au bout de quatre-vingt-dix ans, "retourner" en Pologne. Puisqu'on va visiter une "Pologne" qui n'existait pas avant. Et qu'on espère retrouver une "Pologne" qui est aujourd'hui proprement "nulle part". Et pourtant, je fais le pari que cette coïncidence existe. Les guillemets, en tout cas, s'imposaient : un avion me poserait sur la terre de "Pologne".» «Je n'ai de polonais que mon nom, qui est une imposture. Au départ un nom juif (yiddish) qui fut ensuite mystérieusement polonisé, je ne sais quand, ni par qui, ni pourquoi. Mais nul doute, il sonne polonais aux oreilles et aux yeux d'un Polonais.»