Prix public : 12,50 €
La sublimation - la dérivation des pulsions vers des objets non sexuels, socialement valorisés - est un concept psychanalytique insatisfaisant : depuis 1905 que Freud l’a décrite, on ne voit clairement ni son mécanisme ni sa genèse. Le «personnage» en question est donc d’abord l’auteur, en quête du concept. Mais c’est aussi, c’est surtout, le Léonard de Freud, le Monsieur Teste de Valéry, le Richard III de Shakespeare, le Valéry de Pontalis, sans oublier ces femmes «à passions élémentaires, enfants de la nature qui refusent d’échanger le matériel contre le psychique» : autant de personnages vivant d’une vie intermédiaire, mi-héros de papier, mi-personnes réelles. Mathilde Girard fragmente ainsi le concept de sublimation en petites quantités - rencontres, parcours croisés, passions discrètes, dérives nouvelles. Elle en étudie la survenue, l’activité : quand ? de quelle manière ? Pourquoi chez l’un et pas chez l’autre, pourquoi chez ce personnage qui est «souvent un homme, et même un homme génial» ? «Dans son génie, il ressemble à l’enfant qu’il était, qu’il a gardé en lui. Il fait des projets, des croquis d’espaces, des dessins d’oiseau. Parfois il part dans ses pensées pendant longtemps. Il s’abstrait. Il s’excepte du monde.» Ce livre est l’histoire d’un personnage passionnel qui se heurte exemplairement à nos raisons culturelles.