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Nos principaux instruments de compréhension de l'histoire datent d'un long XIX&esup : siècle allant de la fin des Lumières à la Grande Guerre. C'est dans cette période qu'ont été élaborés les concepts de civilisation et d'empire. Le premier a eu différentes acceptions selon les époques et les préoccupations des sociétés qui y avaient recours, décrivant tantôt un processus d'amélioration orienté vers le futur, tantôt de grands ensembles humains passés ou présents, définis par des traits linguistiques, religieux, culturels communs. L'étude comparative des civilisations qui apparaît au XXᵉ siècle comme la clef d'interprétation de l'histoire universelle a, quant à elle, mis en avant le concept d'empire, c'est-à-dire un système de domination opposant un centre culturellement homogène à une pluralité de marges culturellement diverses. Elle a conduit à une vision inégalitaire des civilisations et à une conception téléologique de l'histoire, dans laquelle l'Europe-Occident se représente comme la civilisation par excellence, dotée d'une mission civilisatrice sur le reste du monde. Cette vision a été battue en brèche par les grandes tragédies humaines de la première moitié du XXᵉ siècle. Les décolonisations, la fin de la guerre froide, la montée des nouvelles puissances industrielles d'Asie ont abouti à l'opposition entre une mondialisation qui rapprocherait inexorablement les modes de vie et un "conflit des civilisations", puisque ces dernières peuvent désormais être considérées comme des acteurs politiques. Dans ces conditions, une histoire universelle des sociétés est-elle encore possible ? C'est l'objet de ce recueil, réunissant les contributions d'historiens, d'anthropologues et de philosophes.