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Faire d'une « œuvre petite et fermée comme un poing » (Pierre Michon dixit) quelque chose qui ressemble à un livre : délicate entreprise. Car il faut aussi que le livre ressemble à l'œuvre et ne tire pas sa forme de vieilles routines. Rimbaud a fait imprimer Une saison en enfer et à peu près rien d'autre. L'invention éditoriale est donc permise. Subdivisions, périodisations, classifications et déclassements ont parfois fait de l'éditeur un biographe déguisé ou un commissaire-priseur. Or, s'il s'est lui-même essayé à des regroupements, Rimbaud n'a jamais fini le travail. L'achever pour lui – distribuer ses œuvres dans des cases entérinées par l'usage ou imaginées pour l'occasion –, c'est plaquer des catégories posthumes sur une énigme vivante. Sous l'intitulé Œuvres et lettres – mais À la recherche d'une voix aurait été un titre acceptable –, cette édition présente l'œuvre (en prose et en vers) dans sa continuité (et ses ruptures), selon une chronologie avérée ou conjecturale. De chaque poème on offre, successivement, les différentes versions connues, y compris celles que Rimbaud a insérées dans ses lettres. La typographie varie selon qu'on donne à lire un manuscrit autographe ou une copie, voire une publication non autorisée par l'auteur. Puis viennent les lettres écrites par Rimbaud entre 1870 et 1875 (dont les lettres du « voyant », bien sûr), avec à nouveau, le cas échéant, les poèmes qui y sont inclus et qui peuvent donc être lus, cette fois, dans leur contexte. Tout ce qui suit est hors d'œuvre. Sous l'intitulé Vie et documents paraît la « Chronologie », qui est habituellement placée en tête des volumes de la Pléiade. On y glisse, à leur date, les lettres écrites par Rimbaud de 1878 (« J'arrive ce matin à Gênes... ») à sa mort. On propose en outre un choix de documents ; ils ne dissipent pas le mystère, tout au plus en dessinent-ils les contours. Mais qu'y a-t-il de plus énigmatique chez Rimbaud ? Son silence ? ou bien plutôt sa voix ?