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Nostalgie d'un paradis perdu, attente d'une paix millénaire liée au renouveau cosmique et au règne de l'abondance : cette quête n'est pas propre au christianisme. Mais le Moyen Age chrétien, bien avant et bien après l'année mille, a connu les manifestations d'une tension apocalyptique fixée sur le retour du Christ. Partant du texte de l'Apocalypse de Jean, qui décrit le drame de la fin des temps, certains ont vu, dans l'ouverture du septième sceau du Livre que Dieu tient en main, l'annonce du millenium, règne terrestre du Christ qui durerait mille ans. D'autres, à la suite de saint Augustin, ont considéré que ce règne avait commencé avec la naissance du Christ et celle de son Eglise, et ils ont renvoyé les signes avant-coureurs du jugement dernier à une fin des temps connue de Dieu seul : manifestations de l'Antichrist, tribulations des chrétiens secourus, toutefois, par le prophète Elie. Dans les textes présentés et traduits ici, clercs et moines du Moyen Age se font l'écho de ces deux interprétations du mythe de la fin des temps, et nous montrent des foules anonymes agitées par l'attente millénariste, guidées par de faux Christs et de pseudo-prophètes. Le changement de millénaire ne fut pas, en cela, une période privilégiée, mais il continue d'intriguer l'imagination de nos contemporains.