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En 1945, une poignée de jeunes gens, qui ont entre 15 et 30 ans, se réveillent avec l'envie de soigner les cicatrices de la guerre en prônant la fureur de vivre et en se jetant dans la gueule du présent. Avec eux, foin de nostalgie. Ils viennent de Grèce (Moustaki), de Belgique (Brel), d'Italie (Reggiani), d'Arménie (Aznavour), de Russie (Gainsbourg), de Monaco (Ferré)… et même de France ! Rien ne les rassemble. Sinon la musique. Une formidable envie de chanter. Et la nécessité de s'épancher dans des cabarets de fortune, qui dès la Libération sortent de terre comme des champignons. Ils se croisent alors. Apprennent à se connaître. S'aiment, se fâchent, mesurent leurs talents. La plupart, autodidactes, n'ont pas fait d'études. Mais n'en ont cure, et ne caressent qu'un rêve : entendre leurs voix. Au début, mis à part Montand, on ne les écoute pas. Ils ne sont pas à la mode. Ne font ni dans la chanson de crooner, ni dans les numéros de distraction. Non : ils racontent le mal de vivre. Chantent les poètes maudits. Fraient avec l'existentialisme. Libèrent les mœurs. Se mêlent de politique. Font l'éloge de l'anti-conformisme. Brandissent parfois le drapeau noir de l'anarchie. Et puis surtout, ils ont de drôles de gueules. Tout en leur défaveur ! Et pourtant, ce sont les mêmes qui vont devenir beaux, puissants de charisme, atteints par le panache. Ovationnés par des salles debout. Et bientôt intronisés de leur vivant « monstres sacrés ». Les Magnifiques livre le portrait de cette authentique famille, artistique autant qu'humaine.