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«Dieu est mort !» : plus d'un siècle après la célèbre affirmation de Nietzsche, alors même qu'on annonce le grand retour du religieux - et de sa face obscure, le fanatisme -, force est d'admettre que la religion... ne nous a jamais quittés. L'homo religiosus trouve en elle la signification de l'existence ; elle répond à notre soif d'absolu comme aux exigences de la vie en société. Quelle est au juste la nature du lien religieux ? Est-ce Dieu qui a créé l'homme, ou l'homme qui a créé Dieu ? La raison peut-elle établir la vérité de la foi, ou la religion est-elle d'abord une provocation pour cette autre quête de sens qu'est la philosophie ? Qu'on l'envisage à l'aune des pratiques cultuelles, des rapports qu'elle entretient avec le pouvoir séculier ou de son lien à la vérité, la religion apparaît d'abord comme une transgression du cours ordinaire des choses : elle suppose que le sens d'un acte, d'une pensée ou d'une vie se situe ailleurs. Que l'on soit ou non croyant, on peut lui reconnaître un singulier mérite : celui de rendre équivoque l'expérience, et d'empêcher toute clôture du sens.