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Lieues, toises, aunes, pouces et pieds : autant de mesures avec lesquelles jonglent quotidiennement les Français sous l'Ancien Régime. Poids et mesures font en effet l'objet de quelque huit cents appellations et varient en fonction des usages locaux : à Saint-Denis, une pinte de bière est un tiers moins remplie qu'à Paris ; de même, la livre des boulangers est généralement plus légère que celle des quincaillers. Or, en 1792, sous la pression du peuple français, deux astronomes mandatés par l'Académie des sciences entament une quête extraordinaire : définir le mètre d'après les dimensions de la Terre, ou du moins de cette partie de l'arc du méridien qui va de Dunkerque à Barcelone en passant par Paris. Delambre se voit confier le trajet de Dunkerque à Rodez, Méchain celui de Rodez à Barcelone. Commence alors un périple de sept années, menacé par les soubresauts de la Révolution. Le rêve utopique d'une unité de mesure «pour tous les hommes, pour tous les temps», selon le mot de Condorcet, sera réalisé. Grâce à la détermination et à l'habileté des deux savants, les Lumières de la science viendront à bout de cette tour de Babel des poids et des mesures. Mais cela ne se fera pas sans mal : Méchain commet une erreur - «son» mètre est trop court d'environ 0,2 millimètres - qui manquera de lui faire perdre la raison et se répercutera sur toutes les définitions ultérieures du mètre. Aventure humaine, fresque historique, ce livre nourri de documents d'époque (la correspondance de Delambre et Méchain, leurs carnets et registres), pour certains inédits, est aussi une passionnante analyse du statut de la science et de l'erreur.