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Tel un sphinx, le premier empereur romain Auguste reste une figure historique énigmatique qui a toujours excellé dans l’art du camouflage et de la dissimulation. Il a légué à la postérité une image protéiforme qui met face à face la détermination froide d’un homme prêt à tout pour s’emparer du pouvoir et son statut de fondateur d’empire divinisé. Il fut tout d’abord le fils adoptif de César, qui sut tirer parti de sa filiation pour créer un nouveau régime sur les ruines de la République. Chaotique, la réalité historique contraste avec la figure du prince sage et vertueux patiemment construite par Auguste. Cette biographie entend concilier l’histoire, la mémoire et le mythe auquel un homme donna naissance et qui ne cessa d’évoluer depuis son décès jusqu’à son exploitation par l’Italie fasciste de Mussolini au XXe siècle en passant par Charlemagne et les Lumières. La clé de l’interprétation du personnage réside dans l’ambiguïté foncière qui s’attache à toute forme de pouvoir et qu’Auguste porta à son paroxysme. C’est ce qui explique qu’en fonction des époques et des contextes, il ait été perçu comme un monarque absolu à l’image de Louis XIV ou comme un prince républicain, voire comme le restaurateur de la République.