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La réponse de Solon à Crésus – nul ne peut se dire heureux avant le terme de son existence – ne s'applique qu'imparfaitement à l'hellénisme, car s'il fut vaincu sur les champs de bataille, davantage d'ailleurs en raison de ses dissensions internes que par la force de ses ennemis, il triompha dans une large mesure dans le domaine de la civilisation. Le premier tome du Monde hellénistique est consacré à la chronologie du monde hellénistique, à la figure du roi et à la guerre, omniprésente depuis la fin du règne d'Alexandre jusqu'à la destruction et la réduction de la Macédoine au rang de province. L'ère des conquêtes ne pouvait s'achever avant la disparition du fougueux Alexandre, tandis que la date de -146 marque la défaite historique de l'hellénisme face à la puissance romaine, alors que les Parthes surpassent déjà presque les Séleucides. Le berceau, la Grèce elle-même, est désormais aux mains des Barbares, et le territoire hellénique se réduit désormais, ironie de l'histoire, à une fraction de l'ancien Empire achéminides, lui aussi abattu par une puissance occidentale. L'hellénisme se caractérise en effet, du point de vue politique, par la monarchie militaire issue de la tradition macédonienne. Le roi n'est ni un basileus revêtu de la majesté attachée aux iera, ni un tyran dressé contre l'oligarchie dont il est issu : il est un chef de guerre. Ce modèle nouveau, auréolé de la gloire de Philippe, plus encore de celle d'Alexandre, conjugué avec le sentiment profond d'une unité du monde hellénique, qui eut un temps un seul maître et possède alors une relative unité culturelle, explique l'état de guerre permanente des Etats issus de l'ancien empire du grand conquérant. Le monde hellénique est organisé, économie comprise, autour du contrôle royal et de la nécessité de soutenir un conflit permanent, ce qui est d'autant plus difficile que les populations autochtones ne s'accommodent pas aisément d'un joug étranger dont seule la terreur permet le maintien. (P. Prigent)