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Pierre angulaire du discours anthropologique à l'âge classique, la notion de carac tère permet d'« expliquer la nature humaine» (Saint-Evremond), de« déchiffrer» (Gracian) autrui comme à livre ouvert. La grille qu'elle appose sur le monde pré tend rendre compte de la « différence des esprits », de celle des nations, des divers types de la comédie humaine. La polysémie du terme caractère conduit à découvrir d'organiques rapports entre les écrits de ces « philosophes de la vie » (Dilthey) que sont les moralistes et des domaines aussi divers que l'imprimerie et la typographie, la cosmographie, la cartographie. L'attention portée aux« replis» du coeur, à l'origine d'une anthro pologie plus « évolutive » qui concurrence la millénaire explication théophras tienne, est à rapprocher des progrès de l'anatomie avec Vésale. Le « modèle médi cal» façonne un autre regard sur l'homme. Cependant que le moraliste anatomise, son discours, se pliant aussi au goût des mondains, s'atomise en donnant naissance au fragment. Résolument pluridisciplinaire et comparatiste, accordant une grande attention aux minores représentatifs de la pensée « moyenne », la présente étude montre à quel point les écrits des moralistes, tout littéraires qu'ils sont, constituent des documents de premier ordre pour cerner le discours sur l'homme qui, durant plus de deux mille ans, a fait autorité dans la culture occidentale.