Prix public : 11,66 €
"Le crime est pour le romantisme, une forme de révolte, de protestation de la "race de Caïn" contre sa longue misère. Il donne au "proscrit ce regard haut et calme / qui damne tout un peuple autour d'un échafaud". Renouvellement de la représentation traditionnelle du meurtrier ou du condamné, l'inscription romantique du crime dans la littérature est parallèle à une libération des conventions et des traditions esthétiques : la beauté se voit redéfinie par son rapport à la violence et au meurtre. A rebours des "époques nues", d'un monde classique dominé par une harmonie universelle et éternelle, les romantiques définissent un monde moderne, malade et criminel, des "nations corrompues" aux "beautés inconnues". ...Le beau, terrible et énergique, rompt avec la morale, le crime est transcendé en beauté par la puissance esthétique de la violence. Les écrivains puisent personnages et intrigues dans les annales de l'Histoire, les faits divers, les chroniques judiciaires. Incarnations d'une volonté de liberté portée par toutes les formes de la révolte, le criminel et la femme meurtrière sont aussi images de l'artiste : ils metten à mort les conventions, pratiquent le crime comme une oeuvre, lui donnent la valeur d'un art poétique....L'émergence du meurtre dans la littérature ett le discours du début du 19è siècle est caractéristique : le crime est devenu familier, la révolution a fait de l'échafaud un objet presque quotidien... Le mélodrame, le feuilleton et le roman populaire accompagnent cette intensification du thème criminel, liée non seulement à un renouveau esthétique et thématique, à l'importance grandissante de la médecine et de la science, mais aussi à un renouvellement du goût et du plaisir de lire.... L'évocation feutrée et décente de la mort par les classiques ou la délectation morbide des baroques, cèdent la place à la violence romantique. "Extraits de l'introduction