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Conférencier invité par la Société française de philosophie, séance du 23 avril 1960 à la Sorbonne, Perelman engage une discussion avec son public dans lequel se trouvent P. Ricoeur, Lacan, P. M. Schuhl, Koyré sur le thème : Pourquoi y-a-t-il désaccords entre philosophes, juristes et autres domaines ... Le désaccord qui oppose certains philosophes entre eux ne les disqualifie-t-il pas ? La philosophie est-elle capable de dépasser le désaccord ? Ces questions n'étaient pourtant pas nouvelles déjà Descartes se les posaient. Mais Perelman se définit comme anticartésien, comme Pierce qu'il admire, et son oeuvre envisage la question du désaccord d'une tout autre manière que Descartes. On peut poser la question ainsi : Pourquoi la doctrine cartésienne du désaccord est-elle inacceptable pour Perelman ? Alors que le désaccord était pour Descartes le signe de l'erreur, Perelman en revendique la légitimité. Le désaccord entre les perspectives théoriques des philosophes semblait presque inadmissible au premier, il se trouvera au contraire expliqué et même justifié dans les domaines juridiques et politiques par Perelman. Ce travail se propose de réaliser un examen général et critique de l'oeuvre de Perelman afin de souligner les imprécisions et indécisions qui demeurent dans cette oeuvre at qui ne peuvent être résolues que par une orientation interprétative déterminée. Le plus grand attrait de l'oeuvre de Perelman réside en effet dans un profond paradoxe, relatif à la revendication de la rhétorique pour la constitution de la raison. C'est par la rhétorique que se comprendraient les thèmes du jugement, de la justice, de la raison et enfin de la liberté. Le jugement rhétorique déterminerait les critères de la justice, leur application aux cas particuliers et la rhétorique serait fondatrice de la rationalité. Enfin et surtout la liberté de pensée se gagnerait par une activité rhétorique. Ce travail ne vise d'ailleurs pas à réduire la force de ces paradoxes mais à les reconduire vers leur enjeu ultime à savoir la question de la liberté de la raison. La liberté ne se fondant selon Perelman ni sur une spontanéité immotivée ni sur un savoir scientifique, elle doit se comprendre comme liberté de la raison rhétorique. Extrait de l'introductionLa rhétorique est souvent considérée comme superficielle ou trompeuse. Prenant le contre pied de ce présupposé, Perelman soutient au contraire que seule une rhétorique argumentée est rationnelle et juste. L'étude du droit positif le confirme : l'argumentation juridique est essentiellement rhétorique et c'est ce qui fait sa valeur. Les parties au procès, les différentes instances juridictionnelles et enfin la dogmatique juridique prétendent à la liberté et à la rationnalité et les établissent, pour une part, lorsqu'elles tentent de se persuader mutuellement du bien-fondé de leur interprétation de la loi. Texte de couverture