Prix public : 25,50 €
"Mon parcours à la recherche des journaux intimes viennois m'aura permis de rencontrer à peu près toutes les variantes du genre du journal personnel. Les prolongements possibles seraient nombreux : du côté de la littérature allemande proprement dite, Thomas Mann et son immense et passionnant journal par exemple, de la littérature centre-européenne de langue allemande, au-delà de Kafka dont l'évocation s'imposait ici, car le journal de Kafka est un paradigme de ttoute réflexion sur le journal personnel, ou de la littérature autrichienne plus contemporaine : de Heimito von Doderer à Thomas Bernhard et Peter Handke, sans parler des perspectives comparatistes que je n'ai fait qu'entrouvrir en évoquant Amiel, Gide ou Pessoa. L'écriture intime est le terrain sur lequel se construit et se déconstruit l'édifice provisoire et approximatif qui donne à je la consistance d'un Moi. Le matériau brut de la langue maternelle, dans le journal, fraie son chemin vers le langage poétique ou théorique. Le sens de l'existence personnelle et de l'histoire collective y fait l'objet d'un questionnement quotidien. La mémoire y dépose ou y décharge ce qu'elle veut archiver et transmettre ou ce qu'elle veut remiser en attendant que l'oubli ait fait son oeuvre. Cette époque de l'histoire culturelle européenne qu'on appelle "modernité viennoise" des années 1880 à l'annexion de l'Autriche par le Troisième Reich en 1938, s'est révélée exceptionnellement riche et actuelle. Les modernes viennois que j'ai présentés dans e livre ont vécu les crises culturelles, politiques et sociales du XXe siècle comme un foyer de conflits intérieurs. Voilà pourquoi leurs journaux intimes et leurs autoportraits peuvent être lus avec autant de passion et de profit que leurs romans, leurs constructions théoriques et leurs tableaux du monde contemporain."Postface de Jacques Le Rider