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Est-il encore possible de raconter philosophiquement une histoire de l'après guerre ? Je m'y essaie danss ce livre en plaidant la cause de Sartre ou plus exactement la cause du sartrisme. Non que je sois sartrien ou sartrologue, mais par sentiment de justice et sen de la dette. Les dates ont leur importance. Vingt ans après la mort de Sartre il est possible de faire retour sur sa trajectoire, voir ce qu'il en reste, constater sa cohérence, défendre sa ligne de vie, revenir sur l'époque qui a accouché de "l'intellectuel total", du philosophe écrivain engagé et dégagé. Est-il encor possible de parler de la guerre froide et du tiers mondisme sans avoir à recycler l'Histoire et défigurer une pensée ? Je le crois sous condition de ne pas tomber dans l'anathème ou l'ignorance. Vingt ans après sa mort, cinquante cinq ans après la Libération, Sartre demeure une "conscience française" difficilement contournable. ...Pour le retrouver, nous appliquerons la méthode progressivo-régressive en remontant la pente d'un des grands livres du siècle 'L'idiot de la famille". ... La cause de Sartre, elle est entendue. A quoi bon se satisfaire de la ritournelle cent fois chantonnée des erreurs du philosophe et des égarements de l'écrivain ? Il suffit d'ouvrir n'importe quel livre de Sartre n'importe quel article, pour s'assurer de sa générosité et de la sincérité de ses engagements. Sartre s'est trompé, cela vaut pour la plupart des phrases écrites, mais Sartyre a vu juste aussi , par delà ses erreurs, et cela vaut pour tous les mots qu'il a prononcés. Chaque lecteur peut en faire l'expérience. La pensée de Sartre tient le coup en dépit de ses fourvoiements, elle résiste au temps qui passe et aux coups de semonce de ses critiques. ...Ni cartésien, ni hégélien, ni marxiste, ni freudien, mais à chaque fois un peu ceci et un peu cela. Un peu chevalier de la liberté cartésienne et un peu chantre du pessimisme pascalien, un peu communiste, un peu gauchiste, un peu humaniste. Jamais vous ne le coincerez en position de sujet souverain ou de conscience tranquille. Sartre n'est pas un auteur intempestif, mais un penseur réflexif en état d'urgence permanente. C'est un rationaliste inquiet et néanmoins spontané, capable de se ressaisir et de se laisser aller dans un même mouvement. Il n'est jamais là où on l'attend."Extraits de l'introductionLe 15 avril 1981 Sartre disparaissait. Le jour de son enterrement fut la dernière manif de mai 68. Sartre quittait la scène et rejoignait les grand morts de la République. Il était le dernier des maîtres de la pensée française, l'enfant de "Mots" et le père de "Roquentin" prit congé avant l'arrivée de la gauche au pouvoir. Qu'aurait-il pensé des années Mitterrand, qu'aurait-il dit de la mondialisation néolibérale et du ralliement de la gauche à la société de marché ? Sartre était un écrivain, un philosophe et non un homme politique, il était un intellectuel total, libre, insoumis qui ne se rallia jamais à la cause de gouvernants, homme engagé dans son temps et dans l'histoire de son pays. Ce livre est une invitation à redécouvrir son oeuvre et s'appuie essentiellement sur "L'Idiot de la famille". C'est un essai raisooné sur le socialisme et la liberté, un plaidoyer en faveur de "l'universel singulier" qui n'est autre que la liberté individuelle. Cette étude ouverte et généreuse parie pour le retour de "La cause de Sartre"Texte de couverture