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L’idée d’une société assumant le fait que ses membres se nourrissent de corps humains constitue une source intarissable de répulsion au sein de la civilisation. Surtout si l’absorption succède à un acte de violence et trouble la frontière qui sépare la guerre de la chasse. Longtemps évitée par une anthropologie désireuse de rompre avec l’époque coloniale où elle avait elle-même entretenu les ragots et la répulsion, la question est donc demeurée, scientifiquement parlant, dans un état de friche, avec l’antagonisme de deux causes primaires : les cannibales mangeraient leurs pareils sous la pression de la faim, ou bien pour des motifs religieux. Un défi s’ensuit pour les sciences sociales : disposent-elles aujourd’hui des moyens qui leur permettraient de ne plus subir la phobie issue de leur culture native et d’attaquer le plus féroce des préjugés pesant sur des modes de vie exotiques ? L’auteur, docteur en biologie et en ethnologie, est chercheur au CNRS (Centre Norbert Elias, Marseille). Il utilise sa double formation pour préciser méthodologiquement les relations nécessaires entre écologie et sciences sociales sur des démarcations troubles : nature/culture, évolution/histoire, etc. Il a publié plusieurs essais dont Les sociétés et leurs natures, Le décalage humain : le fait social dans l’évolution et L’anthropologie à quoi bon ?