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Dans le premier texte, Moishe Postone donne une définition du capitalisme dans laquelle le capital, et non les capitalistes, est le vrai sujet. Sous le capitalisme, la domination n’est donc pas concrète, mais abstraite. Le capitalisme n’est pas d’abord une forme d’exploitation, mais une aliénation de l’activité productive. Dans le mode de production capitaliste, cette activité s’est autonomisée : on produit non pour satisfaire les besoins, mais pour satisfaire la pulsion du capital à l’accumulation infinie. Dans les textes suivants, Postone propose une critique des formes de fausse conscience engendrées par le capitalisme, en se focalisant sur celles que l’on peut qualifier d’« anticapitalisme fétichisé ». Ainsi, il examine successivement la gauche pseudoradicale, sa sous-critique du capitalisme et son idéologie de la violence ; les antinomies de l’anti-impérialisme ; les relations entre la gauche et l’antisémitisme ; le nouvel antisémitisme lié à l’antisionisme ; la vision de la Shoah en fonction des mutations du capitalisme (de 1945 à nos jours) ; l’antisémitisme nazi. Bien sûr, les deux thèmes – capital et fausse conscience – sont liés puisqu’ils traitent des modes objectif et subjectif d’une seule et même réalité aliénée, le rapport social capitaliste. Né au Canada en 1942, Moishe Postone est professeur au département d’histoire et d’études juives de l’université de Chicago. Par ailleurs, il a entrepris depuis le milieu des années 1980 la reconstruction d’une théorie critique adaptée au monde actuel. À cette fin, il propose une relecture de Marx en rupture avec tout le marxisme traditionnel. Édition établie par Luc Mercier et Olivier Galtier.