Prix public : 26,00 €
À partir de la notion de régénération, tant utilisée dans la Révolution française, voici une enquête sur la fusion du religieux et du politique provoquée par cette vision. En effet, le discours des acteurs est obligé de passer par cette idée et même cette idéologie régénératrice, qui traverse toute la Révolution : depuis la désastreuse Constitution civile du clergé jusqu’au coup d’arrêt donné par le concordat de Bonaparte, après diverses tentatives d’établir une autre religion, dont le fameux culte de l’Être suprême chez Robespierre. Avec les outils de la philosophie, de l’analyse de discours, de la théologie et de l’histoire, l’auteur compare deux tendances de l’idéologie régénératrice : l’une se veut au service de l’individu, l’autre recherche la communauté régénérée qui contraindra l’« individu égoïste », y compris par la Terreur. En réalité, dans les deux cas, il s’agit d’avancer vers une autorité nouvelle, mais, paradoxalement, en retournant à un Paradis perdu, un Principe bafoué, une Nature bienveillante. Marx hérite de ce projet régénérateur, bien qu’il s’en défende et élabore sa critique à l’aide de Hegel, de Feuerbach et de l’économie politique. Notre laïcité reste ambiguë, car la République porte le poids des conflits et des relations de mimétisme avec l’Église. Agrégé de philosophie et docteur d’État en science politique (IEP de Paris), Lucien Jaume est directeur de recherche émérite au CNRS (Centre de recherches politiques de Sciences-Po). Il a publié huit ouvrages, sur Hobbes, la Révolution française, le libéralisme, 200 contributions en diverses langues. Il a reçu notamment le prix Guizot de l’Académie française pour Tocqueville : les sources aristocratiques de la liberté (2008).