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Le panorama intellectuel français de la première moitié du xviie siècle est marqué par l'essor d'un grand nombre d'académies scientifiques qui renouvellent l'expérience des académies renaissantes tout en annonçant, sinon en préparant, l'avènement de l'Académie des Sciences en 1666. La création de l'Académie des frères Dupuy (académie putéane) en 1617 est suivie par celle de plusieurs cénacles savants, dont, parmi les plus célèbres, celui de Mersenne (1635), l'Académie Bourdelot (1637 ou 1642), l'Académie Le Pailleur (1648) et l'Académie de Montmor (vers 1653), mais aussi par les conférences du Bureau d'Adresse de Théophraste Renaudot (1632-1644) et par là l'apparition éphémère de l'Académie Thévenot en 1664. Il s'agit d'un phénomène fort complexe dont on a depuis longtemps signalé la portée et l'intérêt. Il convient néanmoins de se demander si la création de l'Académie royale marque une rupture dans les pratiques et dans les thématiques envisagées par rapport aux interactions des groupes qui l'ont précédée ou bien si elle hérite de l'expérience de ces sociétés savantes informelles. Répondre à cette question, qui constitue le fil directeur des études rassemblées dans ce numéro, impose de revenir sur trois caractères marquants des sociétés savantes françaises de la première moitié du xviie siècle. Cette reconstitution de la vie des « académies avant l'Académie » constitue un remarquable défi pour les historiens des sciences et des idées, qui, tout en permettant de préciser le panorama de la vie intellectuelle de la première modernité, sollicite aussi une réflexion sur la méthodologie des modalités d'enquête historique et sur la plasticité de certaines catégories critiques.