Prix public : 16,00 €
Le retour « fictif » sur le passé de ma famille espagnole, sur sa quête de survivre ailleurs, n'est pas prisonnier de traumatismes trop violents. Il est le témoignage, dans la douleur assumée, que les générations ultérieures auront à ressentir un indicible malaise à vivre, une fragile légitimité à accepter le bonheur. J'ai pris conscience d'un héritage qui témoignait d'une force de vie des émigrés, d'une capacité de transformation, d'invention, et de qualités qui perdurent et se transmettent, à travers la culture et l'imaginaire, aux générations suivantes. Anita raconte est une confidence que ma mère m'a transmise à son insu sur la douleur d'une enfance brisée. J'ai tenté de traduire, à travers ma propre vie, les empreintes indélébiles qu'ont laissées en nous la tristesse indicible du déracinement et le poids des guerres. Nous avons cheminé ensemble dans la grâce imprévue d'un entretien. J'ai pu articuler les échos de nos voix : celle de mon grand-père Gonzalo à travers son dépôt imaginaire en moi, et celle d'Anita, faisant revivre les déambulations de son père au début du XXe siècle, jalonnées de plusieurs émigrations entre la France et l'Espagne.La lecture de Jorge Semprun est venue soutenir cette indicible mémoire des profondeurs non exprimables sur les douleurs de l'exil.