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Le jeudi 7 septembre 1989, Antoinette Chauvenet endosse l'uniforme pénitentiaire pour effectuer un stage de surveillante dans une maison d'arrêt pour femmes (MAF) de la région parisienne. Cette expérience tout à fait singulière et inédite a pour vocation de préparer le terrain d'une recherche à venir sur le métier de surveillant pénitentiaire. Cette recherche, publiée en 1994 sous le beau titre du Monde des surveillants de prison, fera date dans les univers académique et professionnel. Antoinette Chauvenet n'a pas utilisé ce journal par la suite malgré l'impact important qu'il a eu sur la réflexion qui a accompagné ses recherches, d'autant plus que cet oubli masquait l'expérience d'où la pensée était issue. Comme l'écrit Hannah Arendt : « La pensée naît de l'expérience des événements de notre vie et doit leur demeurer liée. » L'opportunité d'une rencontre scientifique a rendu possible la publication de ce Journal de terrain pénitentiaire qui aborde des thèmes toujours d'actualité : poids de l'enfermement sur les personnels, multiplicité et contradictions des tâches de surveillance, impératif tyrannique de la sécurité, intrusions immorales et contreculturelles de la surveillance, méfiance et paranoïa, aliénation au travail, principalement.