Prix public : 30,00 €
Conception de couverture : Pierre Klipfel Conception de maquette intérieure : Dominique Guillaumin © Armand Colin, Paris, 2006. Internet : http://www.armand-colin.com Armand ColinÉditeur• 21, rue du Montparnasse• 75006 Paris 9782200257002 — 1re publication Avec le soutien du www.centrenationaldulivre.frCOLLECTION E élève-école-enseignement dirigée par René La Borderie et Franc MorandiDans la même collection Perraudeau M., Les stratégies d'apprentissage : comment accompagner les élèves dans l'appropriation des savoirs, 2006. Dubus A., La notation des élèves : comment utiliser la docimologie pour une évaluation raisonnée, 2006.Dans la collection « Sociétales » Bastien C., Bastien-Toniazzo M., Apprendre a l'école (série « Regards psychosociaux »), 2004. Debarbieux E., Violence à l'école : un défi mondial ? 2006. Goffard M., Weil-Barais A. (sous la dir. de), Enseigner et apprendre les sciences, 2005. Lenoir Yves, Xypas Constantin, Jamet Christian, École et citoyenneté : un défi multiculturel, 2006. Toczek M.-C., Martinot d.et al., Le défi éducatif. Des situations pour réussir (série « Regards psychosociaux »), 2004.Dans la collection « 128 » Blaya C., Violences et maltraitances en milieu scolaire, 2006. Foulin J.-N., TOCZEK M.-C., Psychologie de l'enseignement, 2006. Morandi F., Introduction à la pédagogie, 2006. PREMIÈRE PARTIEL'orientation et ceux qui la vivent Cette partie de l'ouvrage est consacrée à l'ensemble des personnes qui vivent l'orientation, soit parce qu'elles en sont les acteurs, soit parce qu'elles en sont les sujets, soit encore parce qu'elles exercent une influence sur le cours de ses opérations et sur ses résultats. Nous aborderons successivement chacun de ces acteurs. — Les professeurs, dont l'action même d'enseigner est partie prenante de l'orientation et qui doivent aussi y exercer une mission précise. — L'élève et ses parents, dont on comprend aisément le rôle qu'ils jouent dans l'élaboration des décisions dont ils sont l'objet. — Les personnels et services spécialisés (COP et CIO), dont il est intéressant d'analyser le rôle vis-à-vis de l'équipe éducative et de l'élève, avec le débat autour du statut de psychologue. — Le reste de l'équipe éducative, au sein de laquelle les personnels d'éducation (CE CPE), le professeur de documentation, le chef d'établissement et son adjoint ont une action significative en matière d'orientation. — L'environnement économique, car il convient de souligner l'importance de la connaissance du monde des métiers et de son évolution et que soient mises en perspective l'orientation des élèves et celle des adultes dans un processus de formation tout au long de la vie. — Les décideurs, enfin, où l'on retrouve les responsabilités respectives de l'État et des collectivités territoriales dans la mise en œuvre des processus liés à l'orientation. 1L'orientation est-elle « l'affaire des professeurs » ? Affirmer qu'un élève, pendant sa scolarité, passe le plus clair de son temps « lucide » à l'école ou au collège est un truisme. Sur les vingt-quatre heures quotidiennes, quatorze peuvent être considérées comme temps de veille. Sur ce temps d'activité consciente, pour peu qu'il soit inscrit à la cantine, un jeune adolescent passe assez couramment une dizaine d'heures dans son établissement et quatre chez lui, avec ses parents. Même les congés de fin de semaine ne compensent pas ce déséquilibre. Les professeurs sont donc les premiers contacts des élèves pour les guider dans leur orientation. Ils en sont très conscients, mais ils n'utilisent pas cette situation privilégiée comme il conviendrait de le faire. Bien entendu les sollicitations sont nombreuses. Les enseignants sont conviés à de nombreuses tâches qui les éloignent parfois de leur « cœur de métier » (cf. les propos de madame de Romilly dans l'encadré ci-dessous). Un enseignant est fait pour enseigner « L'on entend parler d'une réforme qui tendrait, dans les collèges, à "diminuer l'horaire hebdomadaire des cours et faire une place plus importante aux activités extérieures à l'enseignement", ce qui signifie que l'on remplacera l'enseignement proprement dit par des activités d'animation. De même on mange le temps des étudiants avec de la pédagogie à haute dose, au lieu de les laisser s'instruire. Et on oblige les enseignants, quels qu'ils soient, à des conseils, des débats et des réunions, qui semblent devenir une de leurs fonctions majeures, mais où le savoir n'a évidemment aucune part. Pauvre savoir, toujours remis à plus tard, toujours plus mince, et que toujours on souhaite, ouvertement, amincir encore ! Les jeunes savaient peu et apprenaient peu : ils sauront moins encore. » (J. de RomillyL'enseignement en détresse, Julliard, 1984) Mais en matière d'orientation, les professeurs exercent une influence déterminante par la seule mise en œuvre de leurs démarches pédagogiques.I. INFLUENCE DU PROFESSEUR SUR L'IMAGE QUE L'ÉLÈVE SE FAIT DE LUI-MÊME C'est le premier mode d'intervention et le professeur dispose, par les outils et les méthodes qu'il utilise ainsi que par son comportement, de moyens d'agir sur certains éléments constitutifs de la maturation des choix de l'élève, particulièrement sur l'image qu'il se forge de lui-même. Parmi ces moyens, les démarches d'évaluation (et la communication des résultats qui en découlent) occupent une place essentielle qui justifie l'analyse que nous leur consacrons ici. Il est assez fréquent, en effet, de voir des élèves perdre pied dans une discipline à l'issue d'une série de résultats négatifs, surtout quand ces résultats interviennent après quelques efforts, au moins du point de vue de l'enfant lui-même. L'engrenage mauvais résultats, repliement sur soi, arrêt du travail, statut de « mauvais en... » a vite fait de se mettre en place. Les quelques réflexions qui suivent sont des pistes possibles pour corriger ces effets néfastes. L'évaluation ne se résume pas à la notation d'une série de devoirs ou de prestations. Après bien d'autres analystes, parmi lesquels certains rédacteurs des instructions officielles accompagnant les programmes, Irène Tharin, député, dans son rapport (établi à la demande de Jean-Pierre Raffarin, Premier ministre, en février 2005), revient sur ce problème en ces termes : « L'évaluation doit évoluer et ne pas mesurer que des savoirs mais aussi la capacité à tirer profit des erreurs, à exercer sa curiosité, à créer, à savoir reconnaître l'effort individuel exercé seul ou au sein d'une équipe... Pour ce faire, il faut repenser l'évaluation des élèves et ne pas se contenter de les noter. » Cet extrait distingue bien l'évaluation de la notation. Noter c'est apprécier, en la quantifiant, une performance. Nous pouvons qualifier de sommative une telle démarche puisqu'elle cherche à connaître la somme des savoirs accumulés à un moment donné du cursus d'apprentissage. Elle prend certes en compte, parfois, d'autres éléments que les seuls savoirs isolés, en y associant des appréciations sur les comportements, mais cela n'intervient qu'à la marge et n'est plus distingué dans la communication des résultats. À côté de cette évaluation « docimologie », il en existe une autre, au champ plus large, qui s'intéresse à tout ce qui entoure la performance, l'explique et, au-delà des savoirs, tout ce qui relève des capacités de l'élève. Chaque adolescent dispose de domaines d'excellence sur lesquels peut s'appuyer une pédagogie plus individualisée dite de la réussite. C'est une évaluation formative, où chaque indicateur vient enrichir la connaissance de l'élève par l'enseignant (et de l'élève par lui-même) et fait évoluer l'enseignement. Évaluation et notation, influences sur l'image de soi Cette mise en avant des aspects positifs de l'évaluation trouve bien sûr ses détracteurs qui pensent que ce n'est pas préparer à la vie que de gommer les frustrations. Pourtant, en matière d'orientation, la représentation que l'élève a de lui-même pèse lourd dans les choix qu'il est amené à faire ; la connaissance de soi, l'une des trois dominantes de l'éducation à l'orientation, doit conduire à l'élaboration par l'élève d'une image positive de lui-même. Sa construction est très ét...