EAN13
9782200351113
Éditeur
Armand Colin
Date de publication
13 août 2008
Collection
DD.ES&PUB SPEC
Nombre de pages
416
Dimensions
24 x 16 cm
Poids
606 g
Langue
fre

De Munich À Vichy, L'Assassinat De La Troisième République 1938-1940

Annie Lacroix-Riz

Armand Colin

Prix public : 38,50 €

PREMIÈRE PARTIE?>La France de Munich Octobre 1938-14 mars 1939?>?>Chapitre 1?>Le Reich maître de la politique extérieure française?>LE CHARGÉ D'AFFAIRES ALLEMAND Curt Braüer écrivit le 10 octobre 1938 « que les défaites diplomatiques successives de la France en Autriche et en Tchécoslovaquie avaient tant affaibli sa position de grande puissance qu'elle était désormais disposée à réviser sa politique à l'égard de l'Allemagne et à adopter une attitude plus accommodante. Cela mettrait l'Allemagne en sécuritéà l'Ouest et lui laisserait une position de force accrue pour l'action dans d'autres directions »30. Les archives allemandes éclairent mieux que toutes les autres, outre le degré d'accommodement des décideurs français et de leurs délégués politiques, le sens des expressions « sécuritéà l'Ouest » et « action dans d'autres directions ». Elles attestent aussi la continuité des comportements respectifs, avant l'occupation de la France, des Français en quête fébrile d'« accord franco-allemand » et des Allemands dédaigneux.LA SURENCHÈRE FRANÇAISE SUR LES APAISEURS BRITANNIQUES (SEPTEMBRE-DÉCEMBRE 1938)?>De la droite « parlementaire »à la gauche non-communiste : l'ère FlandinJusqu'à l'abandon de Prague, le Comité des Forges fit le siège de Daladier et de l'ambassade britannique. Au matin du 28 septembre, une « délégation » de la droite parlementaire « conduite par Louis Marin », chef d'un des deux partis de la droite dite modérée, la Fédération républicaine de François de Wendel, président du Comité des Forges, enjoignit Daladier puis le président de la République Albert Lebrun, « homme du Comité des Forges »31, « de ne pas ordonner la mobilisation générale ou des mesures équivalentes, ou de ne prendre aucune initiative engageant l'avenir du pays, sans consulter le Parlement ». Dans la soirée, Le Temps, organe du Comité des Forges qui avait depuis des mois dirigé l'hallali contre Prague, publia « une lettre de protestation indignée » d'un des groupements d'anciens combattants qui menaient depuis 1933 le ballet de la réconciliation pacifiste avec le Reich hitlérien. Elle stigmatisait l'omission, « criminelle », dans le « discours radiodiffusé» prononcé par Daladier le 27, « des mots : “Ce ne sont que des mesures de précautions comme un gouvernement doit en prendre dans une telle conjoncture. Mais elles ne signifient pas nécessairement que nous ayons pris position sur la guerre ou que la guerre soit imminente.”»« Plusieurs députés » (non cités) s'étaient précipités, en compagnie de Léon Bailby, propriétaire du Jour-Écho de Paris – autre vieil instrument du Comité des Forges, bientôt racheté par le chef synarcho-cagoulard Lemaigre-Dubreuil32–, chez l'ambassadeur d'Angleterre, Eric Phipps : ils venaient lui clamer « leur répugnance pour une guerre sur la question [tchécoslovaque] et leur indignation des efforts réellement criminels et bolcheviques pour rendre inévitable une conflagration générale »33.De ce concert d'impudeur qui n'épargna, à défaut d'individus, aucun groupement non-communiste, l'histoire a surtout retenu celle de Pierre-Étienne Flandin : deux démarches que signa le chef du second parti de la droite « modérée », l'Alliance démocratique, et que Berlin avait guidées. Précédant et suivant Munich, elles lui valurent du PCF « le slogan “Flandin, le Seyss-Inquart français”» qui, selon l'ambassade d'Allemagne, fit mouche34. La première fut un appel à la désertion apposé par affiche « au peuple français » le 28 septembre 1938.« Peuple français, on te trompe ! Je prends pour moi seul le risque de te le dire dans un moment où les passions sont déchaînées. Un mécanisme a été monté depuis des semaines par des forces occultes, pour rendre la guerre inévitable. La nouvelle tendancieuse, la fausse nouvelle sont l'arme de ceux qui poussent à la guerre. On te fait croire qu'un fossé infranchissable sépare les exigences d'Hitler des accords déjà consentis. C'est faux. Le seul désaccord porte sur une question de procédure : les troupes allemandes pénétreront-elles dans le territoire des Sudètes, reconnu allemand, avant ou après la délimitation des frontières ? La France perdrait-elle encore un million de ses enfants dans une guerre dont le prétexte serait aussi misérable ? Mais le mécanisme tourne : la réponse tchèque doit être donnée avant 14 heures. Si la mobilisation allemande est décrétée, on voudra y répondre. Et, de mesure en contre-mesure, ce sera la guerre comme en 1914.
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