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Latin ou langue vulgaire ? Babel ou Pentecôte ? Dans le paysage tourmenté de la chrétienté du Moyen Âge et de la Renaissance, ce choix constitue une ligne de crête. En historien de la langue, Vittorio Coletti étudie sur l'exemple de l'Italie (Bernardin de Sienne, Savonarole...) l'entrelacement tendu et charmeur de la religion et de la langue. Conscience des fidèles et compétence linguistique ne sont pas dissociables. Pour l'Église de ce temps, en Italie comme ailleurs, la question est épineuse. Comment parler aux fidèles, comment les instruire et leur faire entendre le message sans trahir son mystère ? D'un côté le latin, langue sacrée et universelle, avec sa saveur et ses rythmes. Que transmet-il, au juste ? Un contenu assimilable ou bien seulement une émotion ? Bien que paré de nombreux titres de noblesse, il perd du terrain et devient progressivement incompréhensible. De l'autre côté les langues locales exercent une poussée irrésistible. Fortes de la reconnaissance des masses, elles réclament de prendre leur place dans la communication religieuse. Hérétiques et prophètes en soutiennent l'emploi, afin que les chrétiens s'approprient leur foi. D'où la charge polémique que revêt le problème de la prise de parole au moment où, un peu partout en Europe, les langues nationales commencent à s'affirmer.