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" Salut ", " au-delà ", " éternité ", " destinée " : que sont donc ces mots devenus ? Ils ont longtemps voulu nous dire le Cantique des cantiques de notre existence. Aujourd'hui, ils ont comme quitté les rivages de la signification et même du bon droit. Et pourtant : voici que des voix qui n'appartiennent pas au cercle chrétien semblent, elles, visitées par ces mots qui nous quittent. Alors, si se trouvait cachée en ces mots, bien ou maladroitement exprimée, une interrogation fondamentale que se pose l'homme, celle du sens de son existence et du statut qu'il lui veut donner ? Pouvons-nous, sans les revisiter, donner congé à ces mots qui recèlent peut-être, sous la poussière des habitudes et la misère des répétitions, plus que nous n'en croyons ? Un abandon non réexaminé devient à son tour dogmatique. Si notre Occident veut rester le continent de la vie interrogée, nous voudrions poursuivre ici, comme dans les volumes précédents, notre constante hypothèse que les mots de la foi ont leur place – ils ne sont pas les seuls – pour déchiffrer l'homme. Ici, en son destin. Ces vieux mots retrouvent sens comme symboles et métaphores, et cette redécouverte serait déjà immense. Mais ne disent-ils pas aussi les droits de l'improbable, quelque chose de possible, un référent " au nord du futur " (Celan) ? À condition de ne le payer d'aucun oubli de ce monde, tel sera le débat de ce livre. Mais ce débat se fera comme il convient à pareil objet : il ne s'agira en aucune manière de vouloir prouver. La voie choisie sera celle de voir s'il est possible de rendre à ces mots (ou à ces réalités) leur intelligibilité, leur lisibilité, leur vérité peut-être. Avec les droits de l'hésitation, mais pour ne pas laisser peut-être " filer sans le voir quelques chose de substantiel " (Poulat). Et inviter chacun, sans contrainte, à découvrir s'il y trouve une langue encore vivante. " Si donc, ô Socrate, nous nous trouvons en de nombreux points, incapables de rendre cohérent et exact notre discours sur la génération des dieux et de l'univers, il ne faut pas s'étonner. Trop heureux serons-nous, cependant si nous pouvons présenter un exposé qui ne soit pas moins invraisemblable que celui des autres " (Timée).