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Sur certains sujets, la quête de connaissance ne peut se passer de la littérature. Quand il s'agit de réfléchir sur ce qu'est la vie bonne pour un être humain, sur ce que les émotions –; et l'amour tout particulièrement –; peuvent avoir de déconcertant et d'éclairant, la philosophie ne peut se satisfaire d'un style plat et analytique. Elle doit se mettre à l'école d'une forme littéraire qui cherche à capturer, dans son mouvement même, la surprise, la confusion, l'illumination propre à une vie humaine et à la richesse des sentiments qui y trouvent place. Dans " La Connaissance de l'amour ", Martha Nussbaum entreprend ainsi un double exercice. Il s'agit d'abord de défendre une thèse de philosophie morale. Une thèse qui insiste sur la complexité irréductible des situations, sur l'importance des choses et des êtres particuliers, sur le fait que la vie humaine bonne n'est ni réductible à un critère unique du bien, ni exempte de vulnérabilité et de conflits. La " connaissance de l'amour " consiste à la fois à tenter de comprendre quelle place occupe l'amour dans une vie humaine accomplie, mais également à être attentif à l'enseignement propre de l'amour, parce qu'il est sensible à ce que les choses et les êtres ont d'irréductiblement singulier. Mais il s'agit, ensuite, de mettre en lumière l'importance du style pour la connaissance philosophique : au fil de ces essais, qui interrogent successivement les œuvres de Platon et d'Aristote, les romans de Henry James, de Proust ou encore de Beckett, se dessine une philosophie attentive à la narration, à la pluralité des voix, à la diversité de leur adresse au lecteur.