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La recherche philosophique est restée un enjeu crucial tout au long de l’existence d’Edith Stein (1891-1942), intellectuelle pleinement humaine et pleinement croyante, résolument en quête de la vérité dont elle-même, et le monde autour d’elle, avaient tellement besoin. C’est pourquoi la thèse de doctorat en philosophie qu’Edith Stein soutient en 1916 et publie en 1917, fait partie intégrante d’une œuvre à la fois théorique et spirituelle, d’emblée tournée vers l’énigme la plus profonde dans l’être de l’homme, l’énigme de la rencontre qui fait de l’être humain, individu absolument unique, un « co-existant » appelé à la communauté de la vie et du monde partagés. Outre l’importance de la description phénoménologique du processus empathique par rapport aux approches intuitives ou scientifiquement mal fondées, le thème de cette thèse de doctorat engage une question beaucoup plus générale et aux conséquences multiples et cruciales. C’est de l’homme réel qu’il s’agit en effet, de l’homme toujours déjà engagé dans sa situation intersubjective, et donc toujours déjà confronté à l’énigme de la rencontre : exposé à l’autre et peut-être compris par lui, tourné vers l’autre et peut-être le comprenant. Doublement voué à l’autre en une intersubjectivité fondamentale et non contingente, le sujet humain est pourtant cloisonné, séparé, isolé dans sa propre sphère, comme disent les phénoménologues de cette époque. En conséquence, selon ce modèle, le sujet est toujours déjà condamné à la médiation ou bien à l’interprétation, l’être humain doit développer un talent nouveau de compréhension intersubjective ; il doit apprendre à se décentrer. Ce travail personnel de la jeune assistante de Husserl a été trop longtemps oublié. Il mérite pourtant l’attention des phénoménologues d’aujourd’hui, au moment où ceux-ci redécouvrent les promesses et les difficultés d’une phénoménologie husserlienne de l’intersubjectivité. [extrait de l’introduction de Michel Dupuis]