Prix public : 24,85 €
Le musée du quai Branly aura été le grand projet de Jacques Chirac. Pour Sally Price, qui a suivi sa genèse et enquêté sur son fonctionnement, il apparaît comme le révélateur d’un malaise dans la relation de la République avec l’altérité. Cette « critique amicale » de la part de la plus française des anthropologues américaines commence par le récit, inédit et informé aux meilleures sources, de la création du musée. Il explique comment un dessein présidentiel servant les intérêts de quelques-uns a mobilisé des années durant les moyens de l’État. Au nom d’une esthétisation exagérée, les concepteurs du musée ont privilégié le spectaculaire au détriment d’une démarche pédagogique. Une approche qui a amené un bon nombre d’erreurs dans l’accrochage et le commentaire des objets exposés. Mais l’apport essentiel du Musée des illusions est de pointer la singularité du musée du quai Branly par rapport aux établissements semblables à l’étranger. Exemple parfait du fonctionnement de « l’État culturel », sa conception a d’abord obéi au principe de laïcité, pris au sens le plus large possible. Les peuples et communautés dont sont issus les objets présentés n’ont été que trop rarement consultés, ce qui n’apparaît pas comme la meilleure voie vers le « dialogue des cultures » qui est pourtant le slogan du musée. Bon nombre des questions essentielles auxquelles la France est confrontée aujourd’hui sont donc abordées ici : la place de l’immigration, les fondements de la citoyenneté, la laïcité, le vivre ensemble, l’affaiblissement des autorités politiques…