Prix public : 26,00 €
Il est difficile, dans une œuvre théâtrale aussi singulière que celle de Samuel Beckett, qui déjoue sans cesse les principes traditionnels du genre, de saisir tant les procédés formels sous-jacents que la logique structurelle d'ensemble. S'appuyant en partie sur les études générales des linguistes, mais forgeant en même temps ses propres outils conceptuels d'analyse, Betty Rojtman parvient à relever ce défi, sans jamais trouver refuge dans le jargon ou l'exposition absconse. Monde de la "vibration de surface" et du faux-semblant, le théâtre de Beckett est dépourvu, dans son statisme où pourtant "quelque chose se passe" (Fin de partie), de tout nœud dramatique résolvant les tensions de l'intrigue. Betty Rojtman a parfaitement su repérer ce qui se jouait sous l'apparente absurdité d'un théâtre en instabilité permanente, tel un système de thermodynamique. Et c'est précisément en recourant aux notions de "tension", de "force", que l'auteur parvient à résoudre la dialectique inertie/dynamisme innervant le théâtre de Beckett. Les tensions se dispersent sur plusieurs niveaux et plusieurs axes (verticalement et horizontalement), mais où vont-elles exactement? Nulle part, conclut B. Rojtman : "elles ne conduisent à aucune paix, à aucune Terre Promise dont le rivage serait entrevu à l'horizon..."