Prix public : 30,00 €
Pourquoi remettre en circulation cet ouvrage, publié il y a quinze ans et épuisé depuis quelques années? Parce qu'il a sans doute contribué plus que tout autre à inclure dans le stock de concepts et de catégories historiques, à lancer dans le vocabulaire des historiens, la " sociabilité ". En elle-même cette revendication de paternité pourrait sembler dérisoire. Elle se justifiera peut-être par l'addition à cette édition nouvelle d'une mise au point historiographique et critique sur un champ de recherche naguère négligé, ou jugé marginal. Sur cet exemple provençal, on avait bien entrevu comment pouvaient s'entrelacer les faits de la vie quotidienne, ceux de la vie " associative ", ceux de la politique même. Bien d'autres chercheurs depuis lors ont apporté en ces matières des exemples nouveaux et des analyses approfondies. La sociabilité, si l'on peut ainsi nommer la façon dont les hommes vivent leurs relations inter-personnelles et s'insèrent dans leurs divers entourages, ne caractérise pas seulement des psychologies individuelles. Elle varie avec les milieux sociaux, peut-être avec les pays, certainement avec les époques. A tout prendre, la découverte n'était pas si isolée: vers le même temps, d'autres démontraient l'historicité de la maîtrise de la vie, celle du sentiment de la mort ou des attachements familiaux les plus simples. Pourquoi pas, aussi, celle de la sociabilité? L'ouvrage contribuait ainsi, pour sa part, à constituer l'histoire des mentalités collectives, qui est peut-être une mode, mais sans doute aussi un peu plus qu'une mode. Maurice Agulhon, né en 1926 à Uzès (Gard), ancien élève de l'Ecole normale supérieure, a enseigné à Aix-en-Provence (Faculté des Lettres, puis Université de Provence) de 1957 à 1972. Depuis cette date il est professeur d'histoire contemporaine de la France à l'Université de Paris I (Panthéon Sorbonne).