Prix public : 30,00 €
L'histoire de l'homosexualité s'est presque toujours confondue avec celle de sa répression. Dès le IIIe siècle de notre ère, la liberté qu'avaient connue la Grèce et Rome n'est plus qu'un souvenir, le christianisme ayant repris à son compte la terrible malédiction de Yahvé contre Sodome... Le Moyen Age assimile hérétique et sodomite, les désignant tous deux sous le même nom de bougres. Si l'Italie de la Renaissance et la France des Valois redécouvrent sans complexe les charmes du " beau vice ", l'embellie est brève: l'implacable rappel à l'ordre des siècles classiques rallume les bûchers et poursuit ceux que l'on appelle désormais les Infâmes. Ce qui n'empêche pas l'élite _ rois, princes du sang, nobles, grands prélats, généraux glorieux _ par nature au-dessus des lois _ d'" en être ". Avec les Lumières, on brûle moins, mais on emprisonne, et le péché " contre nature " se démocratise. Grâce à un exceptionnel fond d'archives judiciaires et de rapports de police jusqu'à présent inédits, Maurice Lever évoque le destin, toujours émouvant, souvent pittoresque, parfois cocasse, d'une foule d'anonymes issus du petit peuple de Paris: artisans, laquais, gagne-deniers... Drague aux Tuileries (déjà!), prostitution, rapts et trafics d'enfants, cabarets, guinguettes, scandales mêlant toutes les classes de la société (comme la célèbre affaire Deschauffours), brigade des moeurs avec ses fameuses mouches _ anciens prostitués devenus indics _, Grand-Châtelet avec ses effrayants culs-de-basse-fosse: c'est cela aussi le Paris gay de l'époque. Sans préjugé ni complaisance, ce livre courageux et impartial lève le voile sur un pan délibérément occulté de la société d'Ancien Régime. Maurice Lever, maître de recherche au CNRS et historien de la littérature, est l'auteur du Sceptre et la Marotte (Fayard, 1983).