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L'histoire de la peine des galères se calque étroitement sur celle de la monarchie absolue. Déserteurs, faux-sauniers, faux-monnayeurs, protestants, puis voleurs, mendiants, escrocs, etc., ils furent des dizaines de milliers qui permirent à Louis XIV de se doter à moindre frais d'une escadre de 40 galères et d'affirmer ainsi une gloire sans égale. Après le cachot où les condamnés pourrissent parfois des mois, voici l'éprouvant voyage avec la " chaîne " jusqu'à Marseille. Le châtiment commence alors véritablement. L'apprentissage de la rame n'est pas chose aisée et, pendant les campagnes, la cohabitation de plus de 400 hommes sur 300 m2 éprouve les corps et les âmes. A terre, lorsque les galères hivernent, la majorité d'entre eux travaillent pour survivre. Ils ont le " choix " entre les ateliers de l'arsenal, les échopes des artisans en ville, la " fatigue " du port ou bien les baraques où ils oeuvrent pour leur propre compte. En guise de consolation, les prostituées ou la piquette du bord... Au total, le tableau baroque d'une société qui possède sa hiérarchie, ses règlements, ses tensions et ses haines, mais aussi des relations de solidarité. Les galériens la quittent rarement. Le roi a trop besoin de rameurs _ même si les galères apparaissent vite archaïques dans le domaine militaire _ et la mort a effectué une ample moisson sur les bancs de la chiourme dès les premières années de captivité. Marc Vigié, ancien élève de l'Ecole normale supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, est chargé de cours à l'Université de Paris X _ Nanterre.