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Triomphalement _ et démocratiquement _ élu en 1848 puis approuvé par une large majorité lors du coup d'Etat du 2 décembre 1851, Napoléon III n'a pu ni su exploiter les immenses chances qui s'offraient à lui. Idéaliste dans sa jeunesse et homme de progrès sa vie durant, il se voulait le gardien des acquis de 89 autant que l'héritier du régime de son oncle. Attentif à la question ouvrière et aux aspirations nationales des peuples opprimés, il était, c'est certain, animé des meilleures intentions. Pour enrichir le pays, il mena une politique économique active qui profita à tous (mais surtout aux nantis). En voulant briser le carcan mis en place en Europe par le congrès de Vienne (1815) il chercha à l'extérieur des succès qu'il ne trouvait pas toujours à l'intérieur, mais il ne sut, sur ce plan, se garder de nombreuses maladresses ni tirer profit de l'unité italienne _ qu'il avait pourtant fortement favorisée. De même, il fournit indirectement à la Prusse les moyens de sa montée en puissance, et elle se retournerait un jour contre lui... Il ne parvint pas à rallier la " gauche " (encore moins les républicains) et perdit l'appui de la " droite ". Prisonnier du coup d'Etat, coupé d'une partie croissante de la population (sauf dans les campagnes), mal vu des élites intellectuelles, le Second Empire ne fut plus qu'un régime d'ordre frappant tantôt à gauche, tantôt à droite selon les circonstances, et ne se libéralisant, tout à la fin, que contraint et forcé. Sa générosité et son modernisme (qui étaient les justifications de ses origines " impures ") ne seraient bientôt plus qu'un souvenir. Comment s'étonner que la postérité ait oublié certaines réussites évidentes, comme l'établissement d'un très dense réseau de chemin de fer, la construction d'un système bancaire moderne, l'adoption du libre-échange, ou comme les travaux de Paris et des grandes villes? Ancien professeur d'histoire contemporaine à l'université Paris IV-Sorbonne et ancien maître de conférences à Sciences-Po., Louis Girard a publié de nombreux travaux universitaires et également des ouvrages destinés à un large public, comme La Garde nationale (1964) et Les Libéraux français (1985).