Prix public : 48,00 €
On m'a demandé bien souvent si le commissaire Laviolette c'était moi. J'ai répondu non avec constance. C'est qu'en vérité, je l'ai toujours devant les yeux, j'entends sa voix bougonnante. C'était un homme étrange, issu d'une honorable et très vieille famille niçoise gardienne des traditions. Héros de la Résistance, parachuté trois fois en France occupée, ce sobriquet, Laviouletta, était son nom de guerre. J'avais, parmi mes hantises et mes fantômes, ce Laviouletta qui m'appelait pour que je le ressuscite. J'avais aussi depuis longtemps envie d'écrire un livre dont serait l'héroïne la ville de Digne, chef-lieu des Basses-Alpes, mon pays. On m'a accusé de trop de morts violentes. On a dit que je ne servais pas le pays qui m'a vu naître, mais que je m'en servais. Crimes et commissaire Laviolette ne sont que prétexte pour saisir ou capter quelque soir ou quelque matin qui se couche ou qui se lève sur la pauvreté désolée de ces terres pathétiques. C'est la destinée de l'écrivain, tant bon que mauvais, que de forcer le lecteur à s'envelopper du monde qu'il aime pour échapper à la nuit de sa vie. Pierre Magnan