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En près d'un demi-siècle de vie publique, Pierre Pflimlin a parcouru trois carrières _ alsacienne, nationale, européenne _ qui se sont souvent entrecroisées. Alsacien, il s'est efforcé de promouvoir l'expansion économique de sa région dans l'espace rhénan. Maire pendant vingt-quatre ans, il a entrepris de faire de Strasbourg qui, à ses yeux, " n'est pas une ville comme les autres ", une des capitales de l'Europe. Député à l'Assemblée nationale pendant vingt-deux ans, il a fait partie d'une quinzaine de gouvernements comme ministre de l'Agriculture, de la France d'outre-mer, des Finances et des affaires économiques. Ces expériences gouvernementales lui font découvrir les faiblesses de la IVe République et la réforme de l'Etat devient sa préoccupation essentielle. Son gouvernement du 13 mai 1958 doit être, dans son esprit, le gouvernement de la réforme, mais les événements d'Alger font éclater la crise du régime. Dès lors, le seul souci de Pierre Pflimlin est d'éviter la guerre civile et de rendre possible dans la légalité le passage de la IVe à la Ve République. Dans ces mémoires, l'auteur relate ses entretiens avec le général de Gaulle, pages d'histoires révélées pour la première fois. Ministre d'Etat dans le gouvernement du Général, il participe à l'élaboration de la nouvelle constitution. Il fait introduire dans son texte l'article 20, qui établit le caractère parlementaire du nouveau régime et rend possible _ l'expérience l'a confirmé _ la coexistence entre un président de la République et un gouvernement d'orientations politiques différentes. C'est aussi sur sa proposition qu'est inséré l'article 49-3, aujourd'hui si controversé, qui a cependant permis d'éviter plusieurs crises ministérielles. Pierre Pflimlin a pu, sans se renier, participer aux côtés du général de Gaulle à la réforme des institutions de la République. Quatre ans plus tard, c'est la rupture. Il est attaché à une certaine idée de l'Europe, celle des " pères fondateurs " _ Robert Schuman, Jean Monnet, Konrad Adenauer, Alcide de Gasperi. A cette conception d'inspiration fédéraliste, de Gaulle oppose avec éclat une autre vision de l'Europe, reposant sur la prééminence de l'Etat-Nation. A l'issue d'une confrontation dramatique, Pierre Pflimlin quitte le gouvernement, brisant ainsi sa carrière nationale. Dans le présent ouvrage, il écrit: " A partir de 1958, mes décisions importantes ont été prises par rapport au général de Gaulle, le seul grand homme que j'aie rencontré dans ma vie publique. Je regrette profondément que, malgré de larges concordances, des divergences sur des problèmes essentiels m'aient contraint à m'éloigner de lui. Mais si c'était à refaire, j'agirais de la même façon. ".