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Ugo Foscolo (1778-1827) a réussi ce paradoxe de léguer à l'Italie la vie la plus tumultueuse ( " homme tempétueux ", dira-t-on de lui) et des poèmes parmi les plus limpides et les plus beaux de sa littérature. Né dans les îles loniennes, alors possession de la Sérénissime, il fait son éducation littéraire et mondaine à Venise. Jacobin exalté, il se lance avec une tragédie, puis donne une variation haletante sur le thème de Werther. Officier de la jeune armée napoléonienne, amoureux, bien sûr (et même collectionnant les coeurs sans jamais étancher sa soif d'idéal), il se bat, il écrit. Ce sont les Odes, les Sonnets, enfin le chef-d'oeuvre des Tombeaux. Hanté par le destin de l'Italie, il sert Eugène de Beauharnais jusqu'au dernier instant (fût-ce contre lui-même, en complotant). Puis, pour ne pas plier devant l'Autriche, il quitte sa patrie, premier d'une longue série de conspirateurs et d'exilés. Il mourra misérablement en Angleterre sans jamais avoir achevé son grand poème des Grâces. Contemporain de Chénier et de Hölderlin, Foscolo est un des représentants majeurs de ce romantisme auroral pour lequel la passion (y compris politique) ne pouvait se départir de l'exigence formelle. Mais ce qui le caractérise, c'est que son amour de l'homme s'ente sur un impitoyable pessimisme, sa mythologie sur une pensée sans illusion, son action d'éducateur sur une vie débridée (mais d'une éthique sans faille). A cette vie complexe, à cette oeuvre à la fois raréfiée (la poésie) et bouillonnante (correspondance, écrits politiques, satires, épigrammes, etc.), il fallait plus qu'un biographe. En unissant la rigueur historique et le talent littéraire, Enzo Mandruzzato, essayiste, romancier, traducteur en italien de Pindare et de Hölderlin, a dressé le portrait définitif du grand écrivain. Traduit de l'italien par Michel Orcel.