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Le sport occupe une part croissante de nos loisirs. Comment expliquer son rôle? A-t-il pour fonction de libérer les tensions que créent les contraintes de la société? Pourquoi le football, le rugby ou encore la boxe, apparus en Angleterre, ont-ils été adoptés dans le monde entier, alors que le cricket ne s'est répandu que dans les pays du Commonwealth? A quoi correspondent les violences des supporters et des houligans? Norbert Elias voit dans le sport un laboratoire privilégié pour réfléchir sur les rapports sociaux et leur évolution. Inscrivant le sport dans la théorie du processus de civilisation, il montre avec Eric Dunning que le sport moderne n'a plus grand-chose à voir avec les affrontements guerriers et rituels de l'Antiquité ou du Moyen Age. Aujourd'hui, l'égalité des chances entre joueurs est censée annuler leurs différences sociales. De plus, le code des comportements, la sensibilité ont changé, imposant une diminution de la violence autorisée. Autre différence majeure: le plaisir de la pratique, ou du spectacle sportif, tient à l'excitation que procurent des affrontements corporels qui ne sont qu'un simulacre; visant à écarter les risques excessifs, à ne pas mettre la vie en péril, ils permettent à chaque individu de relâcher le contrôle de ses émotions. Dans un match de football, ce n'est pas seulement la victoire de son équipe qui donne du plaisir, mais la compétition en elle-même. Fondamentalement, l'histoire de chaque sport est donc liée à l'apparition de règlements de plus en plus rigoureux qui ont uniformisé les pratiques sportives dans le but de maîtriser le déploiement ou le spectacle de la violence.