Prix public : 53,90 €
En eux se rejoingnaient Athènes et Jérusalem, le génie grec et le génie sémitique réconciliés. Grâce à eux, l'héritage antique s'est perpétué, transfigurant la culture des conquérants arabes. Plus tard, s'étant mis à l'école de l'Europe, ils ont apporté à l'Orient l'esprit de modernité: l'individu libéré de la famille et du groupe, l'Etat émancipé de lareligion, la connaissance affranchie des livres saints. Mais l'islam ne peut accepter que la domination des croyants soit niée par la réussite trop éclatante de ceux qui ne partagent pas ses valeurs. Tout en s'appropriant l'héritage des crétiens, il les a enfermés dans le statut de minorité " protégée ", c'est-à-dire dépourvue de droits et livrée à la religion dominante. Quant au nationalisme arabe laïc, loin d'ouvrir aux chrétiens la voie de l'intégration, il a ajouté de nouvelles discriminations _ d'ordre ethnique et culturel _ à l'ancienne ségrégation religieuse qui n'a d'ailleurs jamais cessé d'être. Y aura-t-il encore des chrétiens en Orient au troisième millénaire? Sans doute, mais ils auront cessé d compter. Sans le point d'appui qu'était le Liban où ils marchaient la tête haute, ils ne pourront que se modeler sur les valeurs dominantes et cesser, pour survivre, de s'assumer comme chrétiens. L'un des combats les plus longs de l'Histoire est bien près d'être perdu. Le Moyen-Orient, dont la fortune fut toujours liée au brassage fructueux des religions et des peuples, aura-t-il demain le visage de l'uniformité? Il est possible qu'après avoir été, voici deux millénaires, le centre du monde il ne se trouve finalement stérilisé. Agrégé d'histoire, diplomate, l'auteur a vécu au Moyen-Orient.