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J'ai demandé hier matin si le vent durait ici comme chez nous, trois jours, six jours ou neuf jours. On m'a répondu: " Le vent fait ce qu'il veut, on ne peut jamais savoir avec lui. " Mais sa violence m'a fait penser qu'il ne s'éterniserait pas. Je me suis trompée car au bout de trois jours, il est toujours là et ne cesse de ravager l'horizon de ses tornades poussiéreuses... L'Amérique ne peut-elle donc faire les choses calmement, tranquillement? On dirait bien que non, et que jamais rien dans ce pays ne se distingue par la finesse et la grâce. Pas de crachin mélancolique sur les rochers gris et ronds de la côte, pas de pluie fine sur la campagne tendre et ensomeillée, pas de bruine piquante au matin sur les étangs vifs et clairs. Non! des ravins de sang dans la terre brune, de la pluie qui fait mal avant de faire du bien, des ouragans, des tempêtes. Etrange, n'est-ce pas, que cette nécessité de déployer des forces excessives, de rugir sa colère à la face du monde? Ici, une petite pluie qui commence normalement se transforme en déluge d'apocalypse... Et tout est à l'image de cette disproportion! On ne peut compter sur la tempérance de l'Amérique, sur sa mesure. Elle n'en a aucune! Isabelle Jarry a publié une biographie de Théodore Monod et un récit de voyage au Sahara, ainsi que deux romans, L'Homme de la passerelle (prix du Premier Roman 1992) et L'Archange perdu.