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Le roi est une figure universelle. Dans toutes les civilisations, il a donné naissance à de nombreux mythes _ mythes eschatologiques, mythes cosmiques, mythes de renouvellement et d'éternel retour _ et symboles _ celui de la fertilité et de la fécondité, celui de l'unité et de la nation, celui du salut en particulier. Remontant à l'origine des temps, il constitue, avec le prêtre, l'une des figures les plus importantes que l'homme a élaborées tant son rôle apparaît essentiel dans l'histoire politique, sociale, économique et militaire. Le roi chrétien, le Fils du Ciel chinois, l'Inca, l'empereur romain ou le basileus byzantin, au-delà de la diversité des monarchies qu'ils incarnent, présentent une évidente parenté. Qu'il s'agisse de ses insignes _ le trône, la couronne, le sceptre _ ou, plus profondément, de ce qu'il représente pour son peuple, bien des traits fondamentaux définissent le roi, et d'abord sa sacralité. Tenant son pouvoir de Dieu (ou des dieux) et des hommes, en harmonie avec Dieu, dont il reçoit une force spécifique qui lui permet de régner, il est aussi un homme, en qui tous se reconnaissent. Il est donc au point de contact du ciel et de la terre, nombril de l'univers, axe cosmique. Responsable de son peuple, au point de devoir parfois s'immoler pour lui, il doit assurer son bonheur en le protégeant, en se montrant juste. C'est là sa première tâche. Généreux, bon, guérisseur, il doit contrôler la régularité des phénomènes naturels, gages de fertilité et de fécondité _ faute de quoi il n'est plus un vrai roi, mais un usurpateur. Jean-Paul Roux, historien orientaliste, a consacré une large part de son oeuvre à l'étude des peuples turcs et mongols ainsi qu'à l'histoire comparée des religions. On lui doit, outre de nombreux articles, plusieurs livres de synthèse dont La Religion des Turcs et des Mongols, Le Sang, mythes, symboles et réalités, Jésus.