Prix public : 20,30 €
De tous les chants d'amour _ d'amour-haine? _ qu'Edna O'Brien a, en plus de trente ans, dédiés à son pays, les Païens d'Irlande est sans doute le plus poignant, car la narratrice en est une petite fille dont la silhouette, vue en filigrane, ressemblerait fort à celle de l'auteur enfant. La terre qu'elle décrit, c'est l'Irlande rurale et pauvre, païenne, bornée, superstitieuse, qui résiste encore _ pour combien de temps? _ au déferlement du monde moderne. C'est le village où l'enfant a grandi, entre un père ivrogne, hâbleur, éleveur de chevaux malchanceux, et une mère sensible, résignée, pathétique dans ses dérisoires mouvements de révolte. C'est le pays de tante Bride, qui croit encore à l'amour; d'Ambie, qui a engrossé la bonne du docteur et pratique mieux que quiconque l'art d'égorger les cochons; du " Nègre " qui fait des propositions malhonnêtes aux filles de l'école; du prêtre qui élève des lévriers en cachette et leur donne des noms de femmes; de Miss Davitt, l'institutrice, qui se jette dans le lac le jour où on l'emmène à l'asile... Lyrique et réaliste à la fois, superbement impudique, les Païens d'Irlande charrie un flot d'émotions, d'impressions et d'images unique car né de la souffrance du souvenir. Edna O'Brien est née en Irlande, dans le comté de Clare, mais c'est à Londres, où elle s'installe très jeune, qu'elle commence à écrire. Elle est l'auteur de nombreux romans, dont sa trilogie des Filles de la campagne, Qui étais-tu, Johnny?, les Victimes de la paix, Nuit, Vents et Marées, la Maison du splendide isolement, des recueils de nouvelles Un coeur fanatique et Lanterne magique, enfin de scénarios et de pièces de théâtre.