Prix public : 20,30 €
Juan Goytisolo s'inspire dans ce roman d'un authentique ouvrage espagnol du XVIe siècle, intitulé Carajicomedia et constitué d'une série de petits poèmes rabelaisiens et érotiques qui parodient les livres de piété de l'époque. Pour les lecteurs du XVIe siècle, Carajicomedia avait un parfum de sacrilège. Dans le même esprit, Juan Goytisolo fait ici, sur le mode burlesque et mordant, une critique en règle du discours que tient l'Eglise catholique - et plus particulièrement l'Opus Dei - sur le sexe, discours qui, pour l'auteur, exprime depuis des siècles toute une tradition répressive et misogyne, ainsi qu'une homosexualité latente et édulcorée. Le père de Trennes, membre de la confrérie catholique de la Sainte Oeuvre, alias frère Bugeo Montesino, signataire de ladite Carajicomedia, rencontre épisodiquement saint Jean de Barbès-Rochechouart, un double de l'auteur de cette Foutricomédie, version moderne de l'ouvrage de saint dévergondage : utilisant le vocabulaire religieux du bréviaire de l'Opus Dei, Chemin, le père de Trennes décrit ses «missions apostoliques» plutôt sulfureuses à travers ses réincarnations, ses rencontres avec les grands et petits personnages de l'Histoire, passant ainsi au crible la littérature et la conscience ibériques. Auteur d'une quinzaine de romans et de nombreux essais, Juan Goytisolo a obtenu en 1985 le prix Europalia pour l'ensemble de son oeuvre, et en 2002 le prix Octavio Paz pour «la poésie qui habite ses romans et son attitude critique par rapport à la tradition littéraire espagnole». Illustration de couverture : Jérome Bosch, « Le jardin des délices », partie centrale (détail) © Photo Josse. Photogravure MCP.