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« Le moment arrive où vous n?aurez plus pour vous qu?un petit nombre de vieillards », assurait le ministre Casimir Perier à un prêtre au lendemain des Trois Glorieuses. Or, quatre années plus tard, Sainte-Beuve constate que le sentiment religieux caractérise « une notable partie des jeunes générations de notre temps ». Un réveil se produit au sein de la jeunesse intellectuelle. En 1836, un tiers des élèves de l?Ecole normale supérieure est enrôlé dans la Société de Saint-Vincent-de-Paul, une association issue de la rencontre en 1833 de quelques étudiants, au premier rang desquels le Lyonnais Frédéric Ozanam et d?un vétéran des oeuvres de la Restauration, Emmanuel Bailly. En 1835, Ozanam et ses amis sont parvenus à faire monter Lacordaire dans la chaire de Notre-Dame. Nul doute que l?alliance momentanée entre libéralisme, romantisme et catholicisme n?ait créé un climat plus favorable pour ceux qui voulaient réconcilier la religion et la liberté, la science et la foi, ce qui fut le grand combat intellectuel de Frédéric Ozanam à Lyon d?abord, à Paris ensuite, comme étudiant d?abord, comme professeur dans la chaire de littérature étrangère de la Sorbonne ensuite. Mêlé, souvent malgré lui, à plusieurs des combats de son temps, la campagne pour la liberté de l?enseignement, la question des nationalités, Ozanam n?hésite pas à se faire journaliste dès lors que la question sociale passe au premier plan de l?actualité en 1848. Mort en 1853, à l?âge de quarante ans, il a anticipé des évolutions qu?il faudra attendre plus d?un siècle pour voir se confirmer. Béatifié à Paris, lors des Journées mondiales de la jeunesse, en 1997, ce laïc marié très amoureux de sa femme, ce père de famille incarne un visage de la sainteté rarement proposé encore. Gérard Cholvy, professeur émérite à l?université Paul-Valéry, Montpellier III, auteur de plusieurs ouvrages consacrés à l?histoire régionale et à l?histoire religieuse de la France contemporaine.