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« La longue marche d'Israël » est essentiellement consacrée à retracer le demi-siècle qui s'est écoulé entre la fondation du Sionisme par Théodore Herzl et la proclamation de l'Etat d'Israël : période riche en événements d'exceptionnelles dimensions, jalonnée par deux guerres mondiales, la Déclaration Balfour, le massacre scientifique des Juifs d'Europe, la guerre révolutionnaire en Palestine. L'auteur ne s'est pas contenté de consulter une vaste documentation (dont des textes en hébreu encore jamais traduits), mais s'est attaché à recueillir les témoignages personnels d'hommes et de femmes qui ont joué un rôle dans ce drame. De David Ben Gourion à Menahem Begin, de Guéoula Cohen à Moshé Dayan, il a rencontré, à maintes reprises, des représentants qualifiés de diverses tendances israéliennes (Mapaï, Hérouth, Haganah, Irgoun, Groupe Stern), s'est entretenu longuement avec eux, a recueilli de leur bouche souvenirs, précisions et jugements. Français et non-juif, il s'est gardé de prendre parti, mais s'est efforcé de montrer comment, à travers les heurts et les antagonismes, l'impulsion donnée au mouvement sioniste par des hommes hors série tels que Herzl et Vladimir Jabotinsky s'était finalement épanouie dans la renaissance de l'Etat hébreu après une éclipse de dix-huit siècles. Si important qu'ait été et que soit ce chapitre de l'histoire contemporaine que représentent la montée du Sionisme et l'indépendance d'Israël, il doit être replacé dans un cadre plus vaste, le Moyen-Orient, et dans un ensemble plus vaste encore, la politique mondiale. C'est ce que l'auteur s'est proposé de faire en montrant comment les ambitions des grandes puissances pendant les deux guerres mondiales, puis la guerre froide, ont entraîné des répercussions souvent décisives sur le problème israélo-arabe et sur les événements de Palestine. On notera avec un intérêt particulier l'abondante documentation mise en oeuvre pour décrire, sur la base des archives du IIIe Reich, la collusion qui s'est établie entre l'hitlérisme et le célèbre Grand-Mufti, leader du nationalisme arabe. Une introduction et un épilogue encadrent l'essentiel de l'ouvrage. Dans la première, a été évoquée à grands traits l'histoire du peuple hébreu depuis Abraham jusqu'à Herzl, avec ses phases d'apogée et de défaite, la grande Dispersion, les persécutions et les pogroms, le tout coïncidant en dépit des épreuves avec la trajectoire spirituelle d'une « civilisation sans terre et sans Etat ». L'épilogue rappelle en quelques pages les vicissitudes d'Israël depuis 1948 jusqu'à la guerre de six jours. Jacques Soustelle, qui dès les débuts de sa carrière d'ethnologue n'a cessé de s'élever contre le racisme et l'antisémitisme et qui a eu plus d'une fois l'occasion, au cours de sa vie politique de manifester sa sympathie envers Israël, a fait ici oeuvre d'historien en s'appuyant sur une connaissance approfondie du pays et des hommes et sur une très large information.