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Dans le numéro « Communiquer/Transmettre », les médiologues avaient opposé le temps long au temps court, en revalidant l'idée d'institution, en questionnant les dérives du « tout communicationnel ». Peuvent-ils aujourd'hui prendre le parti de l'écume... contre le durable et le résistant ? C'est le pari de ce numéro. L'éphémère ? ce qui étymologiquement dure un jour ? s'inscrit dans les mémoires plus fermement qu'il n'y paraît, telle une photographie transformant l'instant capturé en souvenir. Sur les pas de Chris Marker, dans Sans soleil qui affirme que « l'oubli n'est pas le contraire de la mémoire, mais son envers », postulons que l'éphémère n'est pas le contraire de la transmission, mais son envers. Son indispensable compagnon. Pensons-le dans la métaphore de l'amour, fulguration et promesse, à la frontière du maintenant et du toujours. Quand l'éphémère se couple à l'intensité d'un instant, il s'extrait du temps et, paradoxalement, s'inscrit dans l'éternité : par sa puissance d'évocation, il transmet une émotion... jusqu'à susciter un manque, persistant. Ainsi l'éphémère laisse-t-il des traces, ne serait-ce que celles de sa disparition, qui stimulent l'espoir d'une réapparition. Traces symboliques, d'une part, dans ce hors-temps d'intensité, peut-être plus stimulant que la courbe répétitive du quotidien. Traces matérielles, d'autre part, dans l'effort de nos sociétés pour archiver et immortaliser. Éphémère, un joli mot, aérien, qui sonne comme insouciance, absence, moins. Voire ! Faut-il rappeler les réalités : trop plein des déchets, accumulation des papiers, inflation des archives, gonflement des traces ? Lourd est l'éphémère. Le paradoxe est flagrant : rien ne prend davantage de temps que la fabrication du temps court. En témoignent la mode, le marketing, l'événementiel, la Bourse...